Grégoire l’Illuminateur

Considéré comme le fondateur de l’Église apostolique arménienne, Grégoire l’Illuminateur (env. 257-328), est vénéré comme un saint national. Sous son impulsion, l’Arménie devient le premier pays au monde à adopter le christianisme comme religion d’État, avant même la publication de l’Édit de Milan (313 ap. J.-C.).

Istanbul - Chiesa Pammacaristos (Fetiye camii) - San Gregorio armeniaco - Foto G. Dall'Orto 26-5-2006

Mosaïque représentant Saint Grégoire, église Pammacaristos, Istanbul

Grégoire nait vers 257 en Cappadoce, peut-être dans une famille de nobles arméniens. Son père Anag a été exécuté après avoir participé à l’assassinat du roi arménien Khosrov II. Grégoire grandit en exil, reçoit une éducation chrétienne et retourne plus tard en Arménie. Là, le roi Tiridate IV le persécute pour sa foi et le fait jeter dans le « Khor Virap » (puits profond).

Selon la légende, Grégoire survit 13 ans dans cette oubliette. Puis Tiridate tombe gravement malade (certains récits décrivent un genre de maladie psychique). Sa sœur lui conseille de faire venir Grégoire. L’homme de Dieu prie pour le roi, qui guérit. Cet événement aurait déclenché la conversion de Tiridate au christianisme.

L’Arménie devient chrétienne

Grégoire est nommé premier catholicos (évêque) d’Arménie et commence à christianiser le pays ; ses voyages missionnaires le mènent dans les région les plus reculées. Selon la tradition, l’adoption officielle du christianisme comme religion d’État date de 301 ; mais les historiens modernes voient une introduction plus tardive (vers 314 apr. J.-C.), coïncidant avec les réformes religieuses de Constantin dans l’Empire romain.

Էջմիածնի Մայր Տաճար

La cathédrale d’Etchmiadzine, siège de l’Église apostolique d’Arménie

Grégoire organise l’Église, fait construire des monastères et des églises, et forme des prêtres. Sa construction la plus importante est la cathédrale d’Etchmiadzine, qui est encore aujourd’hui le centre spirituel de l’Église apostolique arménienne.

Retraite et héritage

Monasterio Khor Virap, Armenia, 2016-10-01, DD 08

Le monastère de Khor Virap, où Grégoire fut emprisonné pendant 13 ans, est aujourd’hui un important lieu de pèlerinage.

À la fin de sa vie, Grégoire transmet son ministère à son fils Aristakès, qui participera plus tard au concile de Nicée (325 apr. J.-C.). Devenu ermite, Grégoire meurt vers 328 apr. J.-C.

L’Église apostolique d’Arménie lui a consacré trois fêtes : celle de son supplice et de son entrée dans le cachot, celle de sa sortie de détention et celle de la découverte de ses reliques, le samedi qui précède le quatrième dimanche après la Pentecôte.

L’héritage de Grégoire est toujours bien vivant aujourd’hui : l’Église apostolique d’Arménie le considère comme son père spirituel, et son influence marque le lien étroit entre la foi chrétienne et l’identité nationale arménienne. Khor Virap, sa prison légendaire, est aujourd’hui un lieu de pèlerinage important – un symbole de la victoire de la foi sur la persécution.


Pour aller plus loin :

  • Agathangelos, History of the Armenians (Ve siècle, principale source sur Grégoire)
  • Nina Garsoïan, L’Église arménienne et le grand schisme d’Orient, Éditions Peeter, 1999
  • Forschungen zur Datierung der Staatsreligion: Claire Mouradian (2019)