En mars 2025, l’auteure Silke Gabrisch s’est rendue pour la première fois en Chine. L’un des moments forts de son voyage a été la participation à un office religieux dans la ville de Huai’an, à environ 200 km au nord de Nanjing, dans la province du Jiangsu.

Les personnes chargée de l’accueil devant l’église portent le message «Jésus t’aime» sur leur gilet. Photo: Silke Gabrisch
La journée a commencé très tôt pour notre groupe de voyageurs: 
le culte commence à huit heures du matin. À notre arrivée, d’innombrables cyclomoteurs sont déjà alignés dans la cour de l’imposante église avec sa façade avant en forme de croix. Deux femmes nous accueillent très chaleureusement. Sur leurs gilets, on peut lire «Jésus t’aime».
Lorsque nous entrons, l’immense salle est déjà bien remplie. Elle peut accueillir plus de 2500 personnes. De nombreux fidèles sont venus avant le début du service religieux pour lire la Bible ensemble. Leurs Bibles noires et usées témoignent de l’amour que ces chrétiens portent à la Parole de Dieu.
Accompagnés par une des quatre chorales de la paroisse, installée devant l’autel, nous chantons le premier cantique. Dans son mot de bienvenue, Ni Jingli, pasteur responsable, brandit une Bible et nous présente comme des invités spéciaux. Grâce à des dons, provenant entre autres de Suisse, des Bibles sont proposées à un prix particulièrement avantageux. Elles sont ainsi accessibles à tous.
«Le plus important, c’est d’aimer Dieu»
Le déroulement ressemble à celui d’un office protestant. Le sermon dure trois quarts d’heure et porte sur la parabole du fils prodigue. Bien que le texte biblique soit projeté en grand format sur le mur, presque tous les fidèles ont ouvert leur propre Bible. Femmes et hommes lisent avec concentration et prennent des notes avec application. La prédicatrice demande sans cesse à l’assemblée de se mettre à la place des personnages de la parabole et établit des liens avec la vie actuelle en Chine: beaucoup de jeunes demandent de l’argent à leurs parents, quittent leur région natale pour tenter leur chance dans les grandes villes, puis ne donnent plus trop de nouvelles. Elle conclut en disant: «Le plus important, c’est d’aimer Dieu. C’est ça qui compte, pas de devenir riche »

Photo: Dan Aksel Jacobsen 2025
Lors de la prière qui suit, un homme âgé s’agenouille dans l’allée. D’autres posent leur tête sur la Bible devant eux; on dirait qu’ils s’appuyaient en toute confiance sur quelqu’un qui est là, même si on ne le voit pas.
Des Bibles pour la famille et les amis
Après le service religieux, nous nous dirigeons vers la librairie située à la sortie. En Chine, les Bibles ne peuvent être achetées que dans les Églises enregistrées; on ne peut pas les obtenir en librairie ni en ligne. Mais ici, toute personne qui souhaite une Bible est libre de venir. Une femme en achète toute une pile. Je m’approche d’elle et lui demande à qui sont destinées ces Bibles. «J’ai l’intention de les distribuer à des membres de ma famille et à des amis», répond-elle timidement, avant de disparaître.

Photo: Dan Aksel Jacobsen 2025
Grâce au soutien des donateurs de plusieurs Sociétés bibliques dans le monde, les Bibles ne coûtent ici que trois euros au lieu de quinze. De nombreux chrétiens chinois offrent ces éditions à la couverture moderne en cadeau et, ainsi, transmettent leur foi.
Ensuite, le pasteur Ni Jingli nous fait visiter le reste du bâtiment. Il nous parle de la vie animée de la communauté. Il raconte que l’église a été inaugurée en 1999. Mais l’histoire des chrétiens dans cette ville remonte à bien plus tôt. En 1869, Hudson Taylor a envoyé les premiers missionnaires à Huai’an par le biais de la Mission intérieure de Chine (aujourd’hui OMF International). Le pasteur Ni souligne également l’importance de la lecture de la Bible pour la communauté: «Même les 300 bénévoles viennent avant la corvée de nettoyage hebdomadaire pour lire la Bible ensemble et échanger», dit-il en souriant.
La prospérité seule ne fait pas le bonheur
Alors que nous montons les étages du bâtiment à côté de l’église, des sons inhabituels parviennent à nos oreilles. Dans une salle, un orchestre de la paroisse répète pour les offices de Pâques. Ils jouent sur des instruments traditionnels chinois, comme le hulusi, un orgue à bouche dont la chambre à air est constituée d’une courge séchée dans laquelle sont insérés trois tubes de bambou, ou le banhu, un luth sur lequel on joue avec un archet. «Le chef d’orchestre vient de l’opéra, mais tous les musiciens sont des amateurs», explique fièrement le pasteur Ni. Ils jouent «Amazing Grace» en notre honneur, mais la plupart du temps, ils interprètent plutôt des morceaux de musique chinoise originale. C’est ce que la communauté préfère.
«Au cours des dernières décennies, la Chine s’est énormément développée», raconte le pasteur. «Mais la prospérité seule ne suffit pas à rendre heureux.» La déception face au matérialisme, la solitude, mais aussi les expériences de guérison et l’amour du prochain que les membres de l’Église expérimentent – tout cela conduit de plus en plus de personnes à se tourner vers la foi chrétienne. «Beaucoup trouvent ici une famille.» La communauté célèbre environ 80 baptêmes chaque année.

Photo: Dan Aksel Jacobsen 2025
Enfin, nous nous installons pour déguster un repas typiquement chinois. Le directeur de l’autorité religieuse locale se joint soudainement à nous. Sur un plateau tournant au centre de la table ronde, de plus en plus de plats sont servis, allant des entrées froides et des salades à divers plats de viande et de poisson. Les toasts se succèdent. Le riz n’est servi qu’à la fin, signe que le repas et notre visite se terminent.

L’auteure Silke Gabrisch est chargée des relations internationales auprès de la Société biblique allemande.
