Exégèse

Lukas Hendri enseigne la religion dans une classe du canton de Fribourg
Un courage tonitruant (Marc 10.46-52)
Lukas Hendry est aumônier de paroisse de l’Église catholique de Fribourg. Il est aveugle et enseigne la religion à des enfants et adolescents voyants. Son exégèse porte sur la guérison de l’aveugle Bartimée dans l’évangile de Marc.
J’entends souvent dire : « La guérison de l’aveugle est certainement un récit particulier pour toi qui es aveugle ». Oui, je suis aveugle – mais ma situation de vie n’est pas comparable à celle de Bartimée. L’histoire biblique évoque un homme qui, bien que marginalisé et désespéré, trouve le courage d’agir. Et elle évoque un autre homme, Jésus, qui voit avec son cœur. C’est précisément ce qui fait de ce récit un puissant miroir d’une rencontre humaine et divine – hier comme aujourd’hui.
En marge et pourtant au centre
Bartimée vit littéralement et symboliquement en marge – il est assis en dehors des événements, exclu de la société. Pour beaucoup, sa cécité est une raison de le dévaloriser ou de l’ignorer. Mais au moment où il entend que Jésus passe à proximité, tout change. Il reconnaît l’occasion unique et la saisit. Il crie : « Jésus, fils de David ! Aie pitié de moi ! » (v. 47).
La foule tente de le faire taire, mais il s’obstine ; il crie de plus belle. C’est à ce moment-là que son courage se manifeste dans sa forme la plus pure : il croit, sans le moindre doute, que Jésus le perçoit, que son appel a été entendu.
Jésus l’a entendu
Jésus s’arrête – au milieu de l’agitation – et demande qu’on appelle Bartimée. Les disciples disent à Bartimée : « Courage, lève-toi, il t’appelle ! » (v. 49). Cette invitation courte mais significative contient tout : espoir, encouragement, invitation au changement. Bartimée se lève d’un bond, jette son manteau – symbole du passé – et va vers Jésus. Il est prêt à s’engager dans l’avenir, dans une rencontre qui changera sa vie.
Clarté dans le dialogue
Jésus demande, sans ambages, à Bartimée : « Que veux-tu que je te fasse pour toi ? » (v. 51). La réponse est aussi directe que simple : « Rabbouni, fais que je voie de nouveau ! » Pas de discours théologique, pas de longues tirades – juste un souhait sincère, exprimé avec une grande franchise. Cette spontanéité touche profondément. Dans les échanges avec Jésus, il n’y a pas besoin de prières préformulées ou de langage spécial. Il faut du courage, de la clarté et de la confiance. C’est justement là que réside une invitation pour nous aussi : nous pouvons parler avec Jésus tels que nous sommes. Avec nos mots, avec notre voix, avec nos questions.
Le changement commence à l’intérieur
Bartimée retrouve la vue – mais le véritable miracle se produit plus profondément. Il ne retrouve pas seulement la vue extérieure, mais gagne aussi un nouveau chemin de vie. Il suit Jésus, il devient un membre de sa communauté. La guérison n’est pas un acte isolé, c’est le début d’une nouvelle époque. Bartimée s’est montré courageux ; il l’est resté, jusque dans sa vie de disciple.
Nous aussi, nous pouvons trouver dans cette histoire des points d’ancrage pour notre foi. Peut-être que parfois nous nous sentons en marge ou ignorés. Peut-être que nous n’avons pas le courage de montrer notre foi ou de parler avec Dieu. Bartimée nous rappelle qu’il suffit de faire un pas en direction de Jésus – et que nous pouvons être soutenus dans cette démarche.
Susciter le courage – pour nous et pour les autres
Le chemin qu’a pris Bartimée le montre : la foi n’est pas quelque chose d’abstrait. Elle vit du fait que les humains s’encouragent mutuellement. « Courage, lève-toi, il t’appelle ! » – nous avons nous aussi besoin de telles paroles. Elles nous rappellent que Jésus nous perçoit et entend notre appel. Que nous ne sommes pas seuls. Et qu’il est bon de nous encourager mutuellement – à poser des questions, à parler, à croire.
La foi est un chemin que nous ne pouvons pas parcourir à la perfection, mais avec sincérité. Si nous nous donnons de l’espace les uns aux autres, si nous acceptons le doute et si nous encourageons les discussions ouvertes, alors la foi peut grandir – personnellement, en communauté et au cœur de la vie. Tout comme Bartimée s’est engagé sur de nouveaux chemins en faisant confiance à Jésus, nous pouvons nous aussi nous mettre en route avec espérance et courage.

Lukas Hendry, aumônier de paroisse, Église catholique de Fribourg